Madeleines

Publié le par Marinette



On pense avoir oublié. On croit que les émotions, les sensations s’estompent. Que le temps ternit le souvenir.
Que l’absence annihile le vécu commun.
Que l’éphémère vainc l’éternel. Ou du moins la sensation d’éternité de certains sentiments.
On se trompe.

Ces derniers jours, je repensais beaucoup, à diverses occasions, à une amie que j’ai eue, une année seulement. L’année où je vivais à Strasbourg. Elle était ma voisine et nous étions très proches. Elle m’a épaulée dans une épreuve. Nous nous sommes soutenues lors de nos concours respectifs. Nous avons douté et ri ensemble.
La vie nous a séparées, au début juste géographiquement.
Comme à chaque fois que ce type de séparation se présente, on échange les adresses, on se jure qu’on ne se perdra pas de vue, on se promet l’éternité. L’éphémère relation de deux étudiantes voisines « standards », ce n’est pas pour nous! Nous sommes au-dessus de tout cela…
Tu parles!

Il n’a fallu que six mois pour que nos échanges s’espacent, jusqu’à devenir quasi inexistants. Un SMS tous les six mois. Et encore.
Je n’ai pas son adresse mail, ni son adresse actuelle.
J’aimerais savoir ce qu’elle est devenue, qui elle est aujourd’hui . Mais j’ai peur de la contacter pour ne recréer qu’une relation factice à distance. Sans but et sans avenir.

Je repense donc à elle depuis quelques jours. Je n’arrivais pas à savoir pourquoi, mais elle occupe mes pensées.
Je viens seulement de comprendre.
Depuis quelques jours, j’écoute le live de Voulzy. Ce live que j’écoutais en boucle à l’époque, qu’elle m’a fait découvrir. Les souvenirs reviennent par milliers. Nos soirées. Nos rires. Nos ballades. La douce sensation de l'indépendance.
Non, le temps n’a pas terni le souvenir. L’éphémère n’a pas vaincu l’éternel. Parce que, quoi qu’il advienne, le souvenir d’une amitié partagée restera, même si l’amitié elle-même n’a pas survécu. Le souvenir de ces gens qui ont traversé ma vie, de près ou de loin, qui l’ont embellie, qui lui ont donné des couleurs uniques qui m’étaient inconnues avant eux. Ces personnes, ces mains tendues dans les épreuves, ces partages…

Combien sont-elles, ces amitiés passées?
Ces relations auxquelles la vie et le temps ont mis un terme?
Ces gens qui ont fait partie intense de ma vie, un temps donné, dans telle ou telle circonstance, et qui ne sont maintenant plus que des souvenirs, agréables certes, mais poussiéreux?

Parce que les groupes de personnes se font et se défont au gré des évènements.
Parce qu’ils n’ont jamais rappelé, ou si peu.
Parce que je n’ai jamais rappelé, ou si peu.
Parce que les chemins se sont écartés.
Parce que, petit à petit, on a la sensation de ne plus rien avoir à partager. La distance s’installe, on se sent face à un inconnu.

Il y a moins d’un an, je jurais fidélité à des personnes qui comptaient énormément pour moi. Nous avons pris chacune le chemin du boulot, un chemin nouveau, différent, ailleurs. Nous étions liées. Nous avions tant ri, tant pleuré.
Aujourd’hui, je n’ai que de vagues nouvelles, de temps à autre. Elles me manquent. Mais je n’ai ni le courage ni la force de contraindre le destin à nous remettre sur la route les unes des autres…
Pour me remémorer ces amitiés, il ne me reste qu’à regarder ces photos que nous faisions par dizaines, et ainsi revisiter le passé pour y puiser la force de prendre mon téléphone, de faire le pas, de renouer.

Mes madeleines de Proust.
Les Voulzy de Marinette!

Multikiss, Maxitchao…
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M
merci !<br /> mimi
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J
C'est très vrai, c'est très beau.
Répondre
M
Ne serait-ce malheureusement pas "trop" vrai ?